Le «néo-darwinisme social» – doctrine du chacun pour soi individualiste – a été un des piliers du néolibéralisme qui fleurit depuis les années 1980. Or une bonne lecture de Darwin montre facilement comment son message a été mille fois trahi : le monde animal nous enseigne que l’état social est la règle universelle – les conflits et la concurrence sont seconds ; il n’y a pas d’individu isolé.
Que nous enseignent la nature, le monde animal sur l’état social, la concurrence, les conflits, les relations de dominance… ? Quelles sont les conséquences politiques et managériales de nos choix théoriques (notre conception de la nature et des hommes) ? Quels enseignements pouvons-nous en tirer quant à la façon dont nous gérons le personnel et les relations hiérarchiques au sein des entreprises, ou dont nous gérons les relations de concurrence ou de compétition ? Nous en avons discuté avec une philosophe, qui est aussi une psychologue, et un chercheur en éthologie.
Vinciane Despret,
philosophe et psychologue, est professeur à l’Université de Liège. Elle est l’auteur de plusieurs livres qui oscillent entre la psychologie humaine et l’éthologie. Elle y aborde l’étude des modifications dans notre conception de la nature et des hommes en fonction des mutations politiques, religieuses, sociales du monde. Elle a écrit entre autres Penser comme un rat (ed. Quae) et Quand le loup habitera avec l’agneau (ed. le Seuil).
Pablo Servigne,
agronome et docteur en sciences, est collaborateur du service d’Ecologie Sociale de l’ULB. Il enrichira le débat au travers de ses recherches sur les mutualismes plantes-fourmis et plus largement sur les fondements naturels de l’entraide. Il a écrit entre autres la Préface de la réédition de L’entraide, un facteur de l’évolution de Pierre Kropotkine (Ed. Aden, 2009)