Séminaire 1 du cycle 2010 – 2011, organisé en partenariat avec l’Institut de NeuroManagement (INM)
Pratiquement inconnu jusqu´au milieu des années 90, le « principe de précaution » est devenu, avec l´affaire de la vache folle, une expression populaire. On le brandit désormais comme le talisman dont la seule invocation devrait protéger les citoyens contre tous les risques qui les menacent, et l´on invoque son application dans les domaines les plus hétérogènes (climat, couche d´ozone, OGM, santé, jusqu´aux conditions d´utilisation des armes sur les champs de bataille), au point que ce principe, apparu dans les années 70, devient synonyme de politique de sécurité.
Il n´y aura bientôt plus personne qui ne se croira obligé d´agir par précaution.
Réunissant trois expertises, économique, juridique et philosophique, François Ewald, grand spécialiste français des questions de responsabilité et du principe de précaution, a clarifié avec nous ce principe et l’a relié au concept de responsabilité sociale des entreprises. Nous avons ainsi approfondi avec lui et de manière pratique le type de normativité et les mécanismes de réputation mis en branle par la RSE.
Nous avons entre autres discuté avec lui de questions telles que :
- Quelle variation du type de pouvoir et des relations de pouvoir entre l’État, les entreprises, les tribunaux, les ONG, les citoyens,… est-il (elle ?) en cours ? Le contrat social évolue-t-il, passant de plus en plus d’une relation entre états et individus à une relation entre états et entreprises ? (Le sens plus déclaratif que stricto senso juridique du Global Compact n’est-il pas lui-même révélateur de cette normativité éthico-juridique ?)
- Comment le droit global évolue-t-il ? Nous rendons-nous compte de l’architecture en termes de droit global que nous sommes en train de créer via le « droit par adhésion » ? Les conséquences de ce « droit par adhésion » sont-elles bien évaluées par les entreprises ?
- Quels mécanismes multiples de la « société du contrôle » se mettent actuellement en place ? Qu’est-ce que « gouverner sans gouverner » ?
- Pourquoi les entreprises sont-elles de plus en plus prises comme cibles, considérées à la fois comme responsables (origine ou cause du problème) et comme sources de solutions de nombreux problèmes sociétaux ? Cela a-t-il un sens de penser l’entreprise comme un être moral ?
- Quelle distinction faire entre « responsibility », « accountability » et « liability » ? Quelles sont les conséquences de cette non-distinction en langue française, dans la gestion même de la RSE ?
Ce séminaire en petit groupe a été précédé la veille par une conférence grand public du même orateur sur un thème connexe.