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Indicateurs de la générosité des belges | Philosophie et Management

Indicateurs de la générosité des belges

  18.11.2010   |     Bénévolat, Don, Générosité, Indicateurs
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La dernière publication de l’Institut pour un Développement Durable présente quelques indicateurs sur la générosité des belges.

On peut être généreux d’innombrables manières : faire un cadeau exceptionnel à ses enfants, transporter un voisin âgé à l’hôpital, faire un don suite à une catastrophe humanitaire, acheter du chocolat pour soutenir une association, payer pour des animations dans le cadre d’une fancy-fair, participer à une soirée de mécènes, mettre ses compétences à la disposition d’un comité de parents, assurer une permanence pour un Groupement d’Achat Solidaire, participer à l’animation d’un quartier ou d’une paroisse, visiter des malades, des personnes âgées ou des détenu(e)s, etc. On peut aussi l’être plus ou moins dans la manière d’exercer son métier.

 

On peut, classiquement, catégoriser ces actes de générosité en deux grandes typologies :

 

> la première s’intéresse aux personnes qui en bénéficient

  • les proches (famille et amis)
  • les autres

> la seconde s’intéresse à la ressource mobilisée

  • donner du temps
  • donner de l’argent
  • mettre à disposition des biens et/ou services (par ex : prêter un local).

La présente contribution de l’Institut pour un Développement Durable s’intéresse plus particulièrement aux dons en argent et en temps en faveur des « autres ». En voici les principaux enseignements.

En ce qui concerne les dons en argent, on peut relever que :

  • globalement, les indicateurs disponibles indiquent une tendance à la stabilisation des dons en argent depuis la fin des années 90 ;
  • les ménages donnent environ 300 millions par an, soit environ 0,15% de leur revenu disponible total ;
  • les ménages donateurs donnent en moyenne un peu plus de 300 € par an ;
  • un peu moins de 20% des ménages donnent de l’argent ;
  • ils sont probablement plus nombreux si on tient compte des « dons » sous la forme de l’achat de produits (exemple : les opérations CAP48 et Télévie) mais on ne dispose pas de données sur ce type de dons ;
  • les contribuables déduisent 130 millions au titre de « libéralités fiscales » ;
  • ces libéralités représentent environ 0,11% du revenu disponible calculé sur base des statistiques fiscales ;
  • un peu moins de 10% des contribuables déduisent de tels dons.

Les deux sources de données utilisées dans cette étude montrent que la proportion des ménages donateurs augmente avec le revenu mais que la générosité relative diminue, à savoir que les dons faits par les ménages aisés représentent une proportion moindre du revenu disponible.

 

Les statistiques fiscales permettent de connaître le comportement des très riches : par exemple, la moitié des 4.500 contribuables qui ont un revenu disponible supérieur à 250.000 € ne déclarent aucun don. Ceux qui donnent consacrent 0,6% de leur revenu disponible à des libéralités. Les plus riches donateurs donnent une proportion moindre de leur revenu que des ménages qui ont un revenu disponible 10 fois moindre !

 

En ce qui concerne le « volontariat » on dispose essentiellement des données issues de l’Enquête sur l’emploi du temps des belges.

 

Sur un jour de semaine moyen (moyenne pondérée de ce qui se passe les jours de la semaine, le samedi et le dimanche), un peu plus de 300.000 belges de 12 ans et plus participent à au moins une activité d’engagement social. Ceux qui y participent le plus ce sont les jeunes pensionnés (les personnes âgées de 65 à 75 ans).

Le belge consacre en moyenne 39 minutes/semaine à des activités d’engagement social. Ce temps représente l’équivalent de

  • 4,5% du temps consacré au travail rémunéré
  • 2,2% du temps consacré aux loisirs
  • 3,8% du temps consacré à la télévision
  • 0,6% du temps de vie éveillée
  • environ 175.000 emplois à temps plein.

Le temps consacré à des activités d’engagement social par les hommes est deux fois plus élevé que celui des femmes (56 mn par semaine en moyenne 25 mn). Mais on ne répétera jamais assez que ce constat répond à d’autres constats en matière d’emploi du temps par genre. En effet, les femmes continuent à consacrer beaucoup plus de temps que les hommes aux activités suivantes : tâches ménagères (22hrs36 contre 14hrs03), soins et éducation des enfants (2hrs20 contre 55 mn) et le soutien à des adultes proches (44 mn contre 32 mn).

Le temps consacré aux activités d’engagement social varie lui aussi en fonction de l’âge. Les écarts sont importants : les hommes de 65-75 ans consacrent en moyenne 96 mn par semaine à ces activités, soit 7 fois plus que les femmes de 25-39 ans.

Deux enseignements encore :

  • le temps moyen consacré aux activités d’engagement social augmente avec le niveau du diplôme ;
  • les non-travailleurs (par exemple les chômeurs ou les personnes au foyer) sont ceux qui y consacrent le moins de temps et les pensionnés le plus.

J’ai bien conscience que ces résultats sont des indicateurs. Ils ne disent pas tout, certes, mais ils interpellent néanmoins.

Sommes-nous aussi généreux que beaucoup de belges le pensent ? On peut en douter quelque peu. La proportion de ménages qui font des dons en argent est moindre que dans d’autres pays (voir les résultats du World Giving Index). La proportion de ménages qui donnent de leur temps est elle aussi plus faible.

 

J’espère en tout cas que ce modeste essai en incitera d’autres (chercheurs, associations, instituts de statistiques) à explorer plus avant le continent de la générosité, pour mieux comprendre ses tenants et aboutissants, pour voir comment on peut développer toutes les formes de générosité dont l’homme et la femme sont capables.

 

Plus que jamais nos sociétés ont besoin de liens. Pour assurer la cohésion sociale et augmenter la satisfaction voire le bonheur de leurs citoyens. Mais si on n’y prend garde, l’accès au bénévolat deviendra progressivement aussi inégal que l’accès à d’autres ressources ou activités.

 

Philippe DEFEYT

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