L’intégralité de l’Enquête de l’APEC est disponible ici.
Ci-dessous un extrait de la Revue Entreprise & Carrières sur cette enquête.
Trois questions à Françoise Dany, professeur de GRH à l’EM Lyon et directrice du centre de recherche Organisations, carrières et nouvelles élites (OCE)
« Appuyons-nous sur l’investissement et l’engagement des salariés plutôt que d’accorder une confiance absolue aux instruments de reporting »
E&C : L’enquête de l’Apec met en évidence un niveau d’engagement élevé de la part des cadres. Cela vous surprend-il ?
F.D. : Absolument pas. Affirmons-le clairement : oui, dans leur grande majorité, les salariés sont intéressés et investis dans leur travail. Oui, les cadres sont engagés, apprécient leur quotidien professionnel, ne sont pas contre les intérêts de leur entreprise. En outre, et l’enquête de l’Apec le confirme, ils n’ont pas d’attentes démesurées et ne sont pas aussi revendicatifs qu’on le croit parfois.
Finalement, et de plus en plus de recherches et de travaux s’accordent à le penser, ce serait plutôt du côté de la direction générale qu’il y aurait un manque de confiance à l’égard des salariés. Un ressenti que les dirigeants essaieraient de réduire à grand renfort d’outils de contrôle et de reporting.
E&C : Entre cadres et direction générale, ce serait donc alors dans les deux sens que la communication passe mal ?
F.D. : Quand on interroge aujourd’hui les cadres sur leur charge de travail, une part d’entre eux ne se plaignent même plus, comme s’ils étaient convaincus que la partie est perdue d’avance. Il y a ainsi des informations qui ne sont plus transmises à la direction générale. C’est surtout à ce niveau-là que l’enquête de l’Apec révèle des dysfonctionnements. Les cadres, qui ont par ailleurs de bonnes relations avec leur supérieur hiérarchique direct, ne se sentent ni entendus ni reconnus par la direction générale. On a le sentiment qu’en dépit de tous leurs récents efforts pour aplanir leur structure, les entreprises ont finalement créé moins de perméabilité. Les strates sont peut-être moins nombreuses qu’elles ne l’étaient par le passé, elles semblent par contre beaucoup plus étanches.
E&C : Face à ces constats, que préconisez-vous ?
F.D. : Les salariés aiment et ont la volonté de bien faire leur travail ! Appuyons-nous sur cet investissement et cet engagement plutôt que d’accorder une confiance absolue aux instruments de reporting et de croire que ce sont eux qui permettent de prendre les bonnes décisions! On a aujourd’hui atteint le bout de cette logique. Il faut réapprendre à faire confiance aux salariés. Une bonne politique RH va « au-delà » de s’assurer que les salariés bénéficient de bonnes conditions de travail et d’une rémunération juste est un minimum. C’est au contenu du travail, à l’autonomie des salariés et aux moyens adaptés aux objectifs qu’il faut désormais consacrer ses efforts.
Propos recueillis par A.D.