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Qu’auraient pensé Bergson et Spinoza du « Bonheur au travail » ?
16/01/2018 | 19:00 - 22:30
La joie comme conséquence ou condition de la liberté au travail ?
Horaire : 19:30 – 22:30 (accueil à partir de 19:00)
Lieu : Maison ND du Chant d’Oiseau, 3A, Avenue des Franciscains à 1150 Woluwé-Saint-Pierre.
Participation aux frais & Inscriptions
Martin Messonnier a réalisé pour Arte il y a 2 ans un film à grand succès sur les entreprises libérées, intitulé « Le bonheur au travail ».
Même si le terme de « bonheur » parait exagéré dans ce cadre, l’idée selon laquelle il incomberait aux managers de veiller au bonheur de leurs équipiers est de plus en plus mise en avant dans de nombreuses entreprises.
Certaines sociétés rebaptisent même leur DRH « Chief Happiness Officer », ce qui peut faire sourire et même grincer, souvent à juste titre, les équipiers.
Au-delà du « Freedom & Happiness Washing » (prétendre, de façon non-authentique, « libérer » les équipiers pour les rendre « heureux ») qui sévit déjà dans de nombreuses entreprises, il nous a paru opportun d’approfondir les liens que de grands philosophes ont fait entre la joie et la liberté.
A ce propos, le philosophe Lionel Astesiano a publié récemment un livre audacieux qui confronte les pensées d’Henri Bergson et de Baruch Spinoza, traditionnellement opposés en raison de la divergence de leurs positions sur la liberté, l’action et sa détermination. Spinoza est en effet le philosophe systématique et déterministe de l’Ethique, tandis que Bergson s’oppose, avec la conscience, la durée et la liberté, à tout dogmatisme.
Astesiano pointe pourtant une approche commune de la joie comme moteur dans la vie. Pour ce faire, il pose cette question cruciale : comment la joie peut-elle procurer plus que de la joie ? Plus précisément, comment la joie ne procure pas seulement un sentiment de liberté, mais en est, en fait, la condition ?
Sur cette question, l’ouvrage d’Astesiano propose des pages passionnantes, comme le souligne Géraldine Mosna-Savoye (dans une émission de France Culture) : « Distinction entre la joie et la tristesse avec Spinoza, distinction entre émotion et affection avec Bergson, échos entre le fait de persévérer dans son être, le conatus, et l’élan vital… c’est comme si l’un et l’autre, Spinoza et Bergson se répondaient, c’est comme si, ensemble, de concert, ils se mettaient à deux pour nous montrer comment la joie n’est pas une évasion du réel, mais, au contraire, permet de voir, d’être lucide sur ce réel. »
Après avoir investigué le rôle de l’ego et de nos peurs au travail, en ce compris notre peur de la liberté (voir les CR, présentations ou podcasts des nos précédents séminaires avec Alexandre Gérard, Anne-Monique Selles et François De Smet), nous aurons donc le « bonheur », ce mardi 16 janvier 2018, à 19:30, à Bruxelles, de dialoguer avec Lionel Astesiano sur les liens entre la joie (à distinguer du bonheur ?) et la liberté chez Bergson et Spinoza, et de débattre avec lui sur ce que cela peut nous apprendre quant à la possibilité pour les managers de « promouvoir authentiquement la joie et/ou le bonheur au travail ».
Précisons d’emblée que les problématiques concernant le bonheur au travail sont des questions très contemporaines, liées notamment aux effets du capitalisme, questions abordées surtout dans la 2e moitié du XXe siècle. Spinoza et Bergson n’ont donc jamais vraiment traité ces questions en tant que telles. Si Lionel Astesiano nous rendra accessible les questions de la joie et de la liberté chez ces auteurs, en montrant comment elles ont toujours un sens aujourd’hui, il ne faudrait pourtant pas s’attendre, malgré le titre volontairement provoquant de cette conférence-débat, à ce qu’il nous donne des recettes pour se sentir mieux dans son travail (faire du développement personnel lié au milieu professionnel), pour lequel il reconnait lui-même le premier ne pas être compétent.
Lionel Astesiano
Il est l’auteur de « Joie et Libérté chez Bergson et Spinoza », un ouvrage qui fait le pari de prendre en charge toute l’œuvre de Bergson, de son premier Essai sur les données immédiates de la conscience, jusqu’à son dernier grand livre sur Les deux sources de la morale et de la religion, et jusqu’à ses cours, et pour le rapprocher en plus d’un autre philosophe et pas des moindres, Spinoza.