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Réflexions (2/2) de Jean-Philippe Cornelis sur la perma-circularité à l'occasion de la conférence du 3 avril 2019 | Philosophie et Management


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Réflexions (2/2) de Jean-Philippe Cornelis sur la perma-circularité à l’occasion de la conférence du 3 avril 2019

  04.04.2019
   Articles


Suite à la conférence-débat du 3 avril 2019 avec Christian Arnsperger intitulée Ecologie intégrale : Quelles conditions pour une société durablement régénérative ?nous avons avons partagé les réflexions de Jean-Philippe Cornélis. 

Ci-dessous, Jean-Philippe nous propose deux textes qui complètent son propos.

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QUAND LA LIBERTE DEVIENT

LIBERTICIDE ET HUMANICIDE

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Dans la querelle qui oppose actuellement les partisans d’une LOI CLIMAT et les partisans d’un ACCORD DE COOPERATION CLIMAT, il convient de tenir compte de la gravité et de l’urgence de la problématique pour savoir s’il s’agit de S’IMPOSER collectivement des normes, ou de laisser ce choix à de  très vagues et funestes accords de coopérations.

Nul doute que notre humanité est entrée dans une phase critique de sa survie, e.a. à cause de notre sempiternelle temporisation/procrastination de ces problèmes, incapables que nous sommes de nous donner démocratiquement des contraintes collectives, ce que la LOI donne par excellence.

Employer l’excuse que cette loi climat ne décrit que les objectifs et pas les moyens d’y arriver est à nouveau un stratagème de procrastination, alors que nous savons tous que, pour atteindre ces objectifs, des chemins très différents et encore à définir devront être inventés, le propre de la créativité sur objectifs, et pour laquelle des milliers de projets salvateurs se présentent déjà.

Le Droit Romain nous a appris que la contrainte légale,  aussi démocratiquement définie grâce aux Grecs, est la meilleure manière d’assurer la recherche du beau, du juste et du vrai, cette synthèse du bien commun selon Aristote.

Ce Vrai nous oblige aujourd’hui à voir la réalité en face et de ne plus tergiverser et nous inventer des excuses d’escapisme liberticide.

Après les résolutions, hélas non contraignantes, de la COP 21, seule une loi commune mondiale, écrite alors dans des accords de coopération légale, pourra éventuellement nous sauver d’un désastre annoncé, du à notre impéritie humaine.

En paraphrasant Lacordaire dans un autre contexte, c’est la loi qui nous libérera, ou la liberté qui nous opprimera et créera notre perte.

Jean Philippe Cornelis, Docteur en Anthropologie à la Sorbonne
Coordinateur du Forum civique UCL Créatopia en Anthropologie

 

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UN MONDE DEBOUSSOLE,

DANS UN MONDE PLEIN DE BOUSSOLES

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Si le grand épistémologue américain, Ken Wilber,  écrivait, il y a plusieurs décennies déjà, un livre prophétique intitulé: The Eye of Spirit: An Integral Vision for a World Gone Slightly Mad, on ne peut que constater que ce visionnaire avait parfaitement raison avant tout le monde, et « qu’il n’y a décidément pas de pilote pour cette Planète-Monde », prise dans l’anomie et l’acratie, cette planète ressemblant plutôt de plus en plus à un Monde déjanté de « Toto le Héros », avec une cour de récréation avec des gosses incorrigibles et irresponsables, où d’un côté et dans un coin, ils jouent à comparer la grandeur de leurs étuis péniens,  tandis qu’un autre petit chimiste Dr Folamour joue avec de dangereuses bactéries, pour faire peur aux autres, tandis que tous, comme de grands gosses à pampers, sont pris d’incontinence fécale et continuent, comme nous le rappelle Michel Serres, à « conchier » notre niche écologique avec des quantités dramatiques de polluants et de produits toxiques CO2 et CH4, qui ruinent notre homéostasie climatique. Il est bien sur paradoxal, qu’au moment ou l’humanité s’est dotée et dispose de milliers d’instrument d’orientation et de communication sophistiqués: GPS, GSM, IA, Deep Learning, cette humanité est plus que jamais dans un état de désorientation dramatique, la bêtise à front de taureau et l’aveuglement la poussant vers un cataclysme final, aux conséquences gigantesques de souffrances humaines.

Nous savons tous que l’humanité à l’habitude de ces dérapages déshumanisants catastrophiques, comme les guerres, les génocides, les famines et les destruction de biotopes,  comme cette atroce guerre 14-18, mais où après deux décennies, la moitié de la ville rasée de Furnes avait déjà été reconstruite. et son hôtel de Ville néo-gothique reconstruit. Mais faut-il rappeler que, cette fois-ci, en échelle de temps, c’est pour des millénaires que nous allons précipiter les générations futures dans des souffrances inouies,  avec même une possible extinction finale de nos civilisations ? Dans ce domaine, un économisme borné s’engouffre dans le vide moral de nos existences et a pris la place des dieux et/ou du sens platonicien, aristotéliciens et kantien de nos existences,  en se prétend ordonnateur final du sens par le chiffre froid et déshumanisant. Il est de ce point de vue paradoxal que le prix Nobel d’économie puisse être attribué aux économistes William Nordhaus et Paul Romer, alors qu’il aurait tout aussi bien pu être attribué au visionnaire professeur d’économie Nicholas Stern, qui, depuis 2006 déjà!, nous sérine que plus nous attend(r)ons de résoudre le problème climatique, plus le prix sera exorbitant et l’issue finale inéluctable.

En termes de préservation des « assets », chers économistes, vous semblez bien « bornés » dans votre vision à courte vue! Dans un essai: L’argent est-il notre maître-signifiant ?, je démontre combien, selon les analyses d’Alain Supiot, cet économisme borné s’est engouffré dans ce vide moral, en réduisant et déshumanisant les humains à des chiffres froids et abstraits, alors que les humains sont vie d’Eros et de demande d’amour et de reconnaissance, contre les forces morbides de Thanatos. Comme le rappelle Thomas Mann, ce n’est pas de raison que nous manquons, mais d’amour et de respect de l’humain, et de la planète qu’il habite. En effet, tout ordinateur d’intelligence artificielle très moyenne nous aurait depuis longtemps recommandé d’arrêter notre hubris, cette prétention prométhéenne et fallacieuse que les grecs connaissaient déjà si bien! Hélas, comme Pascal nous le rappelait aussi, si l’humain peut s’avérer un géant technologique, inventant des champignons atomiques, expression phénoménologique, « tremendum et fascinosum » de son génie humain, il est aussi resté un nain éthique, aux pieds d’argile d’une extrême instabilité, et toujours au bord de l’abîme et de l’abject.

En participant, le jeudi 7 mars 2019, à la marche des Jeunes pour le Climat, à Louvain La Neuve, et entendant les cris de détresse de cette jeunesse indignée, à juste titre, je ne pus m’empêcher de repenser à ces années « solaires », où, en 1979, avec les Amis de la Terre, nous organisions, sur cette même Place de l’Université, les premières « Journées du Soleil »,  en faisant la promotion des premières éoliennes, (encore freinées avec des freins à disque et des parachutes de secours!), des premières maison solaires, et des premiers vélos pliants et électriques. Quarante ans plus tard, les vélos électriques ont dépassé leurs maladies de jeunesse et les panneaux solaires on chuté de prix, permettant presque à chacun d’en avoir un sur son toit. Alors, pourquoi tout cela n’est-il pas suffisant et ne sommes-nous toujours pas à la hauteur des enjeux?

Ayant fait suffisamment de psychanalyse pour ne pas lever le petit doigt et me désigner comme le sauveur du Monde, beaucoup se bousculant déjà au portillon, j’ai proposé, comme animateur culturel infatigable, d’organiser, dans les sens surréaliste typiquement belge, une farce collective, intitulée: « Pourquoi la vie est-elle si compliquée ? », reposant cette question existentielle fondamentale du contraste dramatique entre nos compétences, réelles, et nos immenses capacités d’autodestruction. Voir à ce propos: Researchgate/jeanphilippecornelis/Hans Jonas

Dans cette saga, dont je ne suis ni le mentor, ni le prophète, je propose que chacun, dans un effort d’intelligence collective, apporte sa contribution à essayer de nous « recomprendre, comme collectif d’humains responsables », permettant de mieux cibler et catégorifier les problèmes, afin d’essayer de sortir, « in extremis? », des redoutables labyrinthes d’efficience naturelle destructrice dans lesquels nous nous sommes fourvoyés. Hélas, ayant proposé de faire un bref exposé à ce propos à la Faculté de Philosophie de l’UCL, je me suis fait sérieusement recadrer et renvoyer, sous prétexte que le programme d’étude sur le sexe des anges est fixé depuis de longues années, et qu’il s’agit de ne surtout pas troubler la noble Faculté dans ces indispensables travaux.

Comme tout humain cabossé par les contrariétés de la vie -Nietszche: Tout ce qui ne vous tue pas vous renforce!-, je reprends à présent mon bâton de pèlerin avec une ambition plus modeste: Et si essayions de rendre des villes- ces microcosmes plus maîtrisables!- exemplaires au point de vue de nos émissions de CO2, CH4 et autres polluants?

En effet, si du point de vue mondial, les perspectives des processions d’Echternach des COP 22-23-24 ne sont pas très réjouissantes,  prendre ses responsabilités éthiques dans un milieu précis peut avoir un rôle éthique exemplaire et contagieux pour d’autres expériences. C’est ainsi que nous nous sommes engagés dans un programme de Villes sans CO2, tout en sachant qu’il est parfaitement possible que d’autres continuent à « conchier » la planète.

Pour les croyants et colibris de ces villes, dans leurs entrées célestes, ils pourront à juste titre revendiquer leur probité morale kantienne: « En ce qui me concerne, j’ai fait mon devoir! ». Mais leur dieu ou Dieu ne répondra-t-il pas: « Imbécile, je ne t’avais pas demandé de sauver ton âme, mais de sauver la planète! ».

Quand aux laiques, mé ou incroyants, je pense sincèrement qu’ils doivent arrêter d’urgence de traiter tous les  Gutte menschen et « Gutmenschen », ou humains de bonne volonté, de gros naifs stupides qui ne savent pas « jouir sans entraves », le nouveau mot d’ordre de ces néo-libéraux confondant vraie liberté et licence liberticide.

Comme Platon, Aristote, Pic de la Mirandole,  Spinoza,Kant, Freud, et tous les grands philosophes humanistes le savaient déjà, notre humanité ne pourra pas se passer d’un ORDRE MORAL HUMANISANT NOS PASSIONS IRREPRESSIBLES. Si Spinoza nous rappelait les trois passions irrépressibles du sexe, du pouvoir et de l’argent, c’est ce dernier qui est devenu notre veau d’or emblématique, transformant l’argent, comme moyen pour irriguer et  nourrir les humains, en passion chrématistique et narcissique qu’Aristote nous décrivait déjà.

Là aussi, notre chère Europe a lourdement fauté dans ses arbitrages monétaires, préférant asphyxier les grecs dans de fausses culpabilités, alors qu’elle représente le berceau de tout ce qui nous est le plus cher en patrimoine culturel, et faisant de l’Europe un sinistre club de boutiquiers, au lieu d’avoir la grandeur d’âme du pardon monétaire, comme le grand humaniste Keynes le prônait déjà, à l’encontre du boutiquier sans scrupules Hayek, qui n’hésitait pas à préférer une bonne économie marchande à une saine démocratie. Etonnez-vous alors, Messieurs les Euro-lâtres inconditionnels,  que le peuple se révolte et crie sa colère jaune!

D’un point de vue tout à fait pragmatique, j’en tire la conclusion que, devant ces passions irrépressibles, et ne voulant surtout pas renoncer à la fragile démocratie en instaurant un régime autoritaire,  il vaut peut-être mieux fournir des « substituts de consommation inoffensifs », ce que j’appelle de la « méthadone solaire ». En effet, puisque les humains, malgré tous les doigts admonestateurs, ne parviennent ou ne veulent pas se contrôler, donnons-leur de la « méthadone-énergie solaire » pour combler ce vide et ce « manque ».

Le Soleil nous fournissant 8.000 fois plus que tout ce que nous consommons sur la planète, il est aujourd’hui parfaitement possible de  se chauffer, de rouler et bientôt de voler à l’énergie solaire, et cela sans trop de dégâts environnementaux, comme certains sites climato-sceptiques essayent de nous faire croire. En effet, si pour extraire du lithium et du cobalt pour les batteries des véhicules électriques, on parle de 30.000 morts, chiffre parfaitement réductible moyennant  un bon contrôle de gestion, c’est en millions de morts qu’il faut parler pour les chauffages et véhicules thermiques, alimentés par des énergies fossiles, domaine dans lequel beaucoup d’écologistes trop crédules se font berner. Moyennant quelques percées technologiques indispensables, je pense qu’il sera aussi possible de reséquestrer les quantités colossales de CO2 et CH4 que nous avons  envoyé dans l’atmosphère. Le programme devrait donc être: Essayons à tout prix d’êtres neutres en CO2 pour 2050, mais prévoyons aussi, comme le grand climatologue visionnaire James Hansen nous le rappelle, de revenir, pour 2100, à 320 ppm de CO2 dans l’atmosphère, pour retranquiliser, si possible, définitivement le climat, même si nous savons que ces fameux « tippings points » ne sont pas toujours réversibles.

Dans les deux grands ouvrages et « bestsellers » de l’époque, Homo Sapiens et Homo Deus frôlent l’hubris, tandis que l’ouvrage de Steven Pinker, Enlightenment Now, fait de l’aveuglement sélectif un principe assez dangereux, en refusant de voir l’effet délétère du changement climatique.

Des clameurs de fureur montent de la jeunesse pour dénoncer notre incurie dans ce très difficile et dramatique « wicked problem », qu’eux aussi devront apprendre à résoudre avec nous, mais les lois de la nature sont complètement sourdes à notre langage d’humains et ne réagissent mécaniquement qu’à un seul phénomène scientifiquement prouvé: Il y a trop de CO2 et CH4 dans l’atmosphère, et donc mécaniquement des effets de dérèglement climatique se mettent en route.

Francis Bacon nous le rappelait déjà: La seule façon de soumettre -ou de vivre en harmonie- avec la nature est de lui obéir! Lors des « Journées du Soleil », nous chantions la belle et très profonde chanson de François Hardy, « Soleil fidèle »,  toujours à l’heure, à la seconde près, alors que nous ne le sommes pas toujours! Dans nos choix éthiques, le Soleil sera notre chaleur et caresse bienfaisante et apaisante, ou au contraire, le bucher de nos vanités!

Jean Philippe Cornelis, Docteur en Anthropologie à la Sorbonne
Coordinateur du Forum civique UCL Créatopia en Anthropologie

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Jean Philippe Cornelis

Est Docteur en Anthropologie des Sciences et des Techniques de l’Université de Paris-1-Panthéon Sorbonne (2003), avec une thèse :

Créativité, Imaginaire et Heuristique, dédiée à la compréhension du phénomène créatif dans les quatre grands registres épistémologiques et existentiels des sciences exactes, des sciences humaines, de l’art et des religions.

Encouragé à publier sa thèse par Emmanuel Levinas: « Thèse dense et bien pensée, qui emporte toute ma sympathie! », il a aussi été confirmé récemment dans ses thèses épistémologiques par le grand spécialiste d’Héraclite, le philosophe Marcel Conche.

Il a enseigné à l’Université de Louvain La Neuve et à l’étranger et participé aux travaux de la Creative Education Foundation et du Problem Solving Institute, à Buffalon, US .

Continuant à se spécialiser dans les techniques de résolution de problèmes, surtout dans le domaine du changement climatique, il anime actuellement, à la section d’Anthropologie de l’Université de Louvain La Neuve, un Forum civique d’Intelligence collective Créatopia, consacré, ces dernières années, aux phénomènes de la dérégulation des systèmes, souvent dus ou liés à l’hubris des humains.

Orateurs

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Agenda

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