Qu’est-ce qu’une ‘entreprise civique’ ? Une entreprise privilégiant la recherche de la valeur ajoutée plutôt que la maximisation de ses profits ? Comment définir cette ‘valeur ajoutée’ ? Quels sont les nouveaux enjeux de pouvoir et d’efficacité pour faire émerger une nouvelle gouvernance d’entreprise ? Comment refonder et ‘socialiser’ les entreprises pour les faire participer à l’agir commun ?

Selon Daniel Bachet, professeur à l’Université d’Evry-Val-d’Essonne et auteur entre autres de « Critique de la finance capitaliste : Pour un financement solidaire » (2016) et de « Les fondements de l’entreprise » (2008), « l’entreprise dont la finalité ‘apparente’ est le profit se voit en fait assignée un objectif qui n’est pas le sien. Sa véritable finalité doit être la recherche de la ‘valeur ajoutée’. Ce détournement de finalité pour la plupart des entreprises est l’une des causes majeures des problèmes économiques, sociaux et financiers d’aujourd’hui. »

La refondation, voire la « socialisation » des entreprises, comme l’appelle Bachet, doit donner à leurs parties prenantes la capacité de négocier le poids relatif d’objectifs économiques diversifiés : niveau de rentabilité, durabilité des produits et des procédés, organisation du travail, conditions sociales et écologiques de la production, etc.

De nouvelles clefs de répartition devraient permettre d’opérer des arbitrages entre des objectifs parfois contradictoires : accroissement de la rémunération des détenteurs de capitaux ou des salariés, réduction des émissions de polluants ou de gaz à effet de serre, rythme d’utilisation des consommations de matières premières non renouvelables, durée du travail, etc.

Pour ce faire, il s’agit selon Bachet d’aménager les structures de nos systèmes économiques et de produire un changement « de modèle » et non simplement un changement « dans le modèle » : « Ce nouveau modèle de développement devra reposer sur le principe de la coopération et non plus sur celui de la compétitivité. L’innovation restera vitale mais portera sur la qualité et la sobriété des procédés et des produits, ainsi que sur la qualité des interactions sociales, non plus sur l’invention perpétuelle de nouveaux besoins et de nouveaux produits à obsolescence programmée. Elle ne sera pas fondée sur la concurrence et l’appât du gain mais sur la recherche de la reconnaissance et du prestige. »

Tout cela est bien beau mais comment produire ce changement de modèle et cette participation volontaire des entreprises dans l’agir commun ? C’est ce dont nous débattrons avec le Professeur Bachet ce jeudi 24 mars à 19:30 à Bruxelles (Maison Josefa).

Les activités de PhiloMa sont offertes en participation libre, consciente et joyeuse sur la base d’un tarif proposé : chacun offre ce qui lui donne le plus de joie selon ce que nous appelons l’économie de la générosité. Précisons également que tout le monde est le bienvenu à nos séminaires : il n’est nullement besoin d’être manager ou philosophes. Le développement d’une autre approche du management des organisations est un défi trop important pour l’avenir de nos sociétés que pour le laisser aux managers et aux philosophes. 

Ce séminaire avec le Professeur Bachet constituera le 6^ème séminaire de notre cycle d’exploration sur la façon dont le concept de « commun(s) » peut inspirer et faciliter la transition vers une autre société, un autre système économique.

Ainsi, après une introduction brillante du concept par Pierre Dardot, nous avons réfléchi sur les modalités et ‘propriétés’ de l’agir commun avec Florence Bernard et Marion Genaivre, sur la démocratie participative avec Loïc Blondiaux, sur la mobilisation des employés dans les entreprises avec Maxime Quijoux, et sur la transition et le P2P avec Michel Bauwens (les podcasts de ces séminaires sont désormais disponibles via ces liens). Après ce 6^ème séminaire avec Daniel Bachet, nous continuerons et clôturerons notre exploration au travers de 3 séminaires tout aussi passionnants :

Raisonner valeur(s) pour faire vivre les règles d’Elinor Ostrom de gestion des communs ? avec Olaf de hemmer Gudme (21 Avril)

Quels nouveaux outils pour rêver et agir ensemble, ici et maintenant ? Avec Frédérique Aït-Touati, Martin Mahaux et Benoit Derenne (20 mai)

Qu’avons-nous appris sur l’agir commun ? Que faire demain matin ? Synthèse & clôture du cycle avec Christian Laval (20 juin).

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Site de Paul-Louis Brodier sur la Valeur Ajoutée Directe : http://www.vadway.com/